2008 : Journées « Abélard et Héloïse »

Programme 1
« Abélard et Héloïse, lettres et chants au 12ème siècle »


Alleluya Veni Sancte Spiritus, chant dominicain
Annus novus in gaudio, polyphonie aquitaine
Lai des pucelles, Abélard
Dehors, lonc pré et bosquet, pastourelle, Moniot d’Arras
Quand li rossignol s’écrie, trouvère anonyme
Planctus virginem Israel super filia Iepte galadite, Abélard
Verbum bonum et suave, prose
Mater Dei, Mater Virgo, Eius, codex Montpellier
Redit Aetas aurea, conduit Ecole Notre-Dame de Paris
Gaudens in Domino, lecture polyphonique
Planctus Iacob super filios tuos, Abélard
Alle Psallite cum luya, codex Montpellier
Pacem meam do vobis, liturgie mozarabe
La rosa enflorece, chant sépharade

Notre région nous a légué un héritage riche d’histoire. Et, dès le 12ème siècle, nous avons trace du passage de ce haut personnage que fut Maître Pierre Abélard. Son séjour ici lui fut très éprouvant. Nous pouvons cependant nous enorgueillir d’avoir, dans notre patrimoine local, pris part aux événements de l’histoire universelle.
C’est en 1127 que le célèbre maître Pierre est nommé abbé à Saint-Gildas. Il vécut ces six années à la tête de l’abbaye comme un purgatoire après une vie chargée de moult aventures. C’est là qu’il écrira « le récit de mes malheurs ».
De sa naissance en 1079 au Pallet près de Nantes, sa fulgurante ascension en génial philosophe dépassant ses maîtres et dialecticien doué, non conformiste, son histoire d’amour hors du commun avec son étudiante Héloïse, puis les persécutions de ses pairs et de la famille de la jeune fille, Abélard brosse un tableau de la passion et de la raison, écho de ce 12ème siècle, scolastique et courtois, pendant lequel l’université et l’amour ont pris naissance.
C’est dans ce siècle charnière qu’Héloïse écrira les plus émouvantes lettres d’amour de deux êtres séparés par la vie mais unis pour l’éternité.
«Abélard et Héloïse, lettres et chants au 12ème siècle » présente un vaste éventail de la multitude d’écoles musicales fleurissant dans tout le continent d’un monastère à l’autre, de la naissance de la polyphonie et de l’éclosion des troubadours et des trouvères. Ces pièces chantées sont insérées dans un florilège de morceaux choisis des Lettres, correspondance d’Héloïse et Abélard, permettant de retracer l’itinéraire de leur sublime aventure.
André Forner

Programme 2
« Chemin d’étoiles, chants de Saint-Jacques de Compostelle au 12ème siècle»
extraits du codex Calixtinus

Regem regum Dominum – Invitatorium
Salve festa dies – versus du pape Calixte
In hac die laudes cum gaudio – Conductum sancti Iacobi a domno Fulberto Karnotensi episcopo editum
Annua gaudia Iacobi – conduit Magister Airardus Viziliancensis
Ad superni regis decus – trope du Benedicamus – Magister Albericus archiepiscopus
Gratulantes celebremus festum – Magister Gosienus episcopus Suessionis
Resonet nostra Domino – Conductum sancti Iacobi a Magestro Roberto cardinali Romano editum
Ad honorem regis summi – Aimericus Picaudi, presbiter de Partiniaco
Nostra phalanx plaudat leta – Conductum Ato episcopus Trecensis
Ad sepulcrum beati Iacobi – Ad vesperas
Portum in ultimo – Prosa Ato episcopus Trecensis
Regi perhennis glorie – trope du Benedicamus – Magister Gauterius de Castello Rainardo
Congaudeant catholici – trope du Benedicamus – Magister Albertus Parisiensis
Iacobe sancta tuum – Conductum sancti Iacobi ad antique episcopo Boneventino editum
Alleluia vocavit Ihesus Efonisen – Alleluia in Greco
Agnus Dei – Agnus Fulberti episcope Karnotensis
Dum pater familias – Hymne de sancto Iacobo
Vox nostra resonet – Magister Iohannes LegalisLe codex Calixtinus, aussi appelé le Liber Sancti Jacobi ou le Livre de Saint-Jacques, est avant tout un manuscrit musical dont la plupart des pièces reprennent des mélodies grégoriennes en y adaptant un texte à la gloire de l’apôtre. Conservé à Compostelle, il fut rédigé vers le milieu du 12ème siècle.
C’est pour donner plus de crédit à leur ouvrage, le Liber Sancti Jacobi, que ses auteurs composent une fausse lettre dite « apocryphe » soi-disant signée sous le nom de Calixte II (alors que ce pape est déjà mort depuis plusieurs années) et la place en tête de ce recueil consacré à la gloire de Saint-Jacques. C’est pourquoi celui-ci est parfois désigné sous le nom de codex Calixtinus.
Mais le grand intérêt de ce recueil réside dans les pièces polyphoniques (dix-neuf à deux voix et une à trois voix) qui sont parmi les premières à avoir été notées et témoignant d’une grande virtuosité vocale et de la pratique d’un contrepoint subtil.
La pièce Congaudeant catholici est la plus ancienne pièce à trois voix qui soit parvenue jusqu’à nous.
La plupart des œuvres musicales du Liber Sancti Jacobi sont attribuées à des auteurs généralement français (antérieurs ou contemporains, de Troyes, Vezelay, Nevers ou Bourges). Le compositeur qui laisse le plus grand nombre d’adaptations polyphoniques est l’évêque Atton de Troyes qui se retira à Cluny en 1145, soit à l’époque même de la compilation du Livre de Saint-Jacques.
« Chemin d’étoiles, chants de Saint-Jacques de Compostelle au 12ème siècle» présente un vaste éventail de ces premières polyphonies que les pèlerins entendaient à l’époque où les hommes bâtissaient les premières cathédrales.
André Forner

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